Laisser une trace

Que restera t’il d’eux ? Quelques peintures, quelques photos et cassette vidéo. Que reste t’il de leur présence ? Petit à petit tout disparait comme un coup de typex que l’on trace tout doucement sur une feuille remplie de souvenirs.

J’ai peur d’oublier, je me refuse à les oublier, à oublier ces souvenirs qui ont fait de nous ce que nous sommes.

Planter sa graine en espérant peut-être que celle-ci germe…pour ressemer à son tour.

N’est-ce pas là, une des missions premières auxquelles nous sommes destinées ? Ne serait-ce déjà par notre fonction première et primitive en mettant au monde un enfant et en l’éduquant ? Mais n’est-ce pas aussi semer ses graines auprès de rencontres et des personnes que nous croisons dans notre vie ? Tel que l’énonce Jésus avec « le bon grain ». Je repense au discours que le prêtre a cité lors de l’enterrement de Papi. Celui-ci disant que Papi était le grain de blé tombé, celui-ci meurt, mais doit porter de nombreux fruits.

Et puis il avait cité un proverbe de la tradition africaine « Si la poule ou le coq meurt, est-ce que les oeufs doivent pourrir ? »

On se doit d’assumer nos responsabilités, pour créer le monde d’aujourd’hui et de demain pour à notre tour semer et faire murir.

Papi et Mamie m’ont transmis ce goût pour la terre…la nature. Dieu sait à quel point cette sensibilité aujourd’hui est plus qu’importante…La Terre nous porte. Elle nous nourrit, nous soigne, nous accueil. Comment ne pas l’aimer. Je ne suis pas sûr que sans eux j’aurais ressentie autant d’amour, je ne suis pas sûr que cette même Terre me porterais et ferais la femme que je suis.

Il y a deux semaines, en marchant dans la forêt, j’ai cru revoir Papi devant moi menant la marche. Ce souvenir était précis qu’il en paraissait presque réel. Moi, toute seule dans cette forêt, suivant les pas de mon grand-père…J’ai pleurer…de tristesse, puis de joie, de gratitude et d’amour infinie pour cette graine, qu’ils ont fait germer en moi.

Ils me manque terriblement, puisse-t’ils être en paix, puissais-je être en paix dans cette existence.

Témoignage du 10 avril 2024

Laissez-moi vous conter l’histoire d’un homme qui en 93 ans a vécu une multitude de vie. Enfant d’après-guerre, il a sans doute grandi dans l’ombre de celle-ci, puis il a connu la période de l’industrialisation et a vu le monde changer. De fabricant de chaussures, à petit éleveur-agriculteur, puis livreur de lait à commerçant…il y a pas à dire, c’était un grand débrouillard ! Pas le choix ! Pourtant « le monde était plus lent avant » m’a t’il dit un jour. Avec Mamie, ils n’ont pas toujours eu la vie facile, mais ils ont fait je cite « Comme, on a pu« .

Ils ont eu deux garçons qui ont sans doute connu cet avant goût de la débrouille. Nous, on a connu un autre homme, un Papi « cool » ! Il avait beaucoup d’humour, d’ailleurs, indirectement, ses fils ont reçu cette qualité…on pouvait rire de tout. Quand on passait nos étés là-bas, parfois, il disparaissait pendant des heures « Il bricole !! » disait Mamie, et elle avait raison, il avait toujours quelque chose à faire, que ce soit jardiner, s’occuper des bêtes, réparer…Papi n’aimait pas être enfermé… Sauf dans son camping-car, où il aimait passer son temps à lire et écouter la radio. Il rêvait sans aucun doute de ses futurs voyages. Il adorait ça… Je crois qu’il nous a refilé le truc un Van une carte et puis HOP !

Papi nous enmenait souvent nous balader dans la forêt avec ma soeur, on y faisait des grands tours, on partait à l’aventure pendant que Mamie s’affairait en cuisine. J’ai souvenir de ce buisson plein de mûres, il en ramassait quelques-unes et nous les faisait goûter. C’était doux et sucré comme tous ces souvenirs.

J’ai du mal à accepter qu’il soit parti si vite après Mamie. À croire qu’il ne restait debout rien que pour elle. Après presque plus de soixante ans de mariage, il n’a pas pu vivre sans elle. C’est vrai, il n’avait plus goût à rien depuis son départ, elle lui manquait à l’infini. Lors de leur mariage, ils se sont dit « Oui » jusqu’à ce que la mort les sépare, pour le coup, la mort, elle les a emportés tous les deux et ils n’ont plus été séparés.

J’espère Papi, que tu as pu rejoindre le plus grand amour de ta vie, tu as emporté quelques souvenirs avec toi. Une page sur nos enfances se ferme. Je ne te remercierais jamais assez, à toi et à mamie, pour ces souvenirs et cet amour que vous nous avez donné

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