C’était mon objectif de l’année 2016 en trail : réalisé dans un temps correct le Grand Raid des Pyrénées sur sa version 80km accompagné de 5500m de dénivelé positif et négatif.Initialement, nous devions être deux pour le GRP, finalement je serais seul à m’inscrire. Ce n’est pas bien grave, la majorité du temps dans ce format de course, nous sommes seul.
Pour préparer cette course, j’ai passé beaucoup de temps en montagne pour accumuler du dénivelé et des kilomètres, après coup, je me dis que j’en ai surement trop fait. C’est le problème quand on s’entraine seul, on a tendance à peu en faire ou à trop en faire… J’ai participé à deux trail de préparation, le trail des Crêtes (50km et 3000m de dénivelé) et le trail des Trois Pics (52km et 3400m de dénivelé), ainsi que l’Ariègeoise, une cyclotouriste (156km et 3200 de dénivelé).
Le départ avait lieu le samedi 27 septembre à 5h00 du matin sur la place de Vieille-Aure, j’ai donc posé mon vendredi pour m’y rendre tranquillement et dormir sur place (merci à JM d’ailleurs pour m’avoir aidé à aménager la voiture !). Bon dormir est un bien grand mot, à la veille d’une course importante, on n’a toujours peur de louper le réveil, on pense trop à la course du lendemain, on se pose des tonnes de questions sur notre préparation, notre forme, notre matériel. Pourtant, je sais que tout est Ok me concernant, je n’ai rien laissé au hasard, j’ai souhaité tout maitriser de A à Z.
Il est 3h00, je me lève pour prendre un bon déjeuner comme à mon habitude, me préparer tranquillement et me rendre sur la ligne de départ dont l’accès est possible à partir de 4h30. Il y a déjà du monde, les minutes défilent vite et la place se remplie. J’entends autour de moi les faits d’armes d’autres coureurs, c’est quand même ironique cette manière à toujours démontrer qui a la plus grosse… Oh les mecs ! On s’en fiche ! Le but c’est tout de même de se faire plaisir, à chacun sa réussite, pour certains c’est un trail de 10km pour d’autres c’est 160km ou plus. Dans tous les cas, l’essentiel est de se dépasser et de terminer !!
Il est 5h00, c’est le départ, les frontales s’allument, tout le monde s’élance vers la première difficulté, le col de Portet situé à 13.3km et 1509m de dénivelé.
Le monde est présent en nombre tout au long du parcours malgré l’heure matinale, ça motive, ce qui a tendance à emballer un peu la course tout de même. Lors de l’ascension, je me retourne régulièrement pour observer les milliers de frontales derrière moi, ainsi que le soleil qui commence à faire son apparition, c’est magnifique…
Je pointe au premier contrôle à 7h06 (82ème), je suis en avance sur mes temps de passage. Je ne m’alarme pas, je me dis qu’il est préférable d’avancer pendant la fraicheur, les fortes chaleurs vont arriver dans quelques heures. Je m’arrête quelques minutes pour manger un morceau, boire un coup et je repars en direction de Tournaboup, situé à 34km et 2532m de dénivelé positif cumulé (D+C).
Le chemin en direction de Tournaboup n’est pas évident pour courir me concernant, je n’arrive pas à allonger la foulée, beaucoup de cailloux et racines, ça me ralenti. Néanmoins, le parcours est vraiment sympa, si la suite est comme cela c’est top ! Je me sens toujours bien, je reste sagement sur mon allure.
J’arrive sur Tournaboup à 10h26 (78ème), il y a un monde fou. J’ai faim, je profite du ravitaillement pour me faire une bonne pause, bien manger et boire surtout, la chaleur commence à se faire sentir, puis je vais attaquer le Pic du Midi, une première, je ne l’ai jamais fait.
Je pars de Tournaboup vers le Col de Sencours, situé à 41.1km et 3474m de D+C. Dès le départ, je m’aperçois que le chemin est totalement exposé et qu’on passe à travers de hautes herbes, ce qui a tendance à bien emmagasiner la chaleur ! Je ne cherche pas à courir malgré que le terrain s’y prête, je me sens lourd d’un coup, je n’ai plus d’énergie. Je me demande ce qu’il se passe, ça ne fait pas longtemps que j’ai quitté Tournaboup ! J’aperçois quelques ruisseaux, j’y trempe ma casquette, ça me rafraichit et me fais un grand bien. Je n’hésite pas à m’hydrater correctement, puis à manger des barres malgré l’absence de faim.
Le chemin me semble long, mais j’arrive au col de Sencours à 12h04 (61ème). Une grosse fatigue musculaire dans les jambes est présente, je n’avance plus, pourtant je n’ai pas trop forcé. Est-ce la chaleur ? La fatigue de ma préparation ? Le manque de sommeil ? Des tonnes de questions apparaissent. Dans tous les cas je n’abandonne pas, je n’ai aucune douleur, ce n’est que de la fatigue, le mental va prendre le dessus. Je rempli ma poche à eau, mange de nouveau et repars vers le Pic du Midi.
Tout au long de l’ascension, il y a un monde fou, malgré mon impression de lenteur, je monte plus rapidement que les randonneurs, ça me rassure un peu. La chaleur est étouffante, mais les encouragements sont motivants et le panorama offert lors de l’ascension fait oublier la fatigue. Il est 12h58, je suis en haut du Pic du Midi, je pointe et redescend aussitôt.
Sur la première partie de la descente je n’ose pas trop courir, je me remémore la difficulté que j’ai eu pour grimper et n’ose imaginer la descente. Néanmoins, je commence à accélérer, ça se passe bien, les jambes sont là ! C’est parfait, je me lâche davantage et descends rapidement, tout en ayant à l’esprit une éventuelle perte de mes jambes. A cette vitesse, je serais à la Mongie assez rapidement. Je ne suis évidemment plus dans mes estimations de temps, mais je ne lâche rien, je veux terminer avant la nuit ! J’arrive à la Mongie à 14h28 (57ème), où il y a encore un monde impressionnant, c’est vraiment agréable, ça motive et donne envie de poursuivre l’aventure. Je rempli de nouveau ma poche a eau, profites de la nourriture à ma disposition pour me faire de petits sandwichs. Je prends le temps de regarder autour de moi, je m’aperçois que beaucoup de coureurs abandonnent ici. La chaleur ne fait de cadeaux à personnes, il est important de s’hydrater correctement ! Ce que je fais, je ne déplore aucune crampes ou douleurs, faut que ça continue ! Je repars, il me reste encore 30km à réaliser en moins de 4h30, après il fera nuit.
Je prends la direction du refuge de Campana, le début est roulant, j’en profite pour courir un peu en soignant la pose des pieds, il serait bête de se blesser maintenant, si proche du but. Le pic de chaleur est passé, ça ne peut que s’améliorer. Après coup, je m’emballe peut être sur le reste à faire, dès le début de la montée, mes jambes sont absentes, la force n’est pas revenue ! Là je me dis « putain ça va être long », je me fixe des objectifs, ça m’aide à avancer plus rapidement. Le parcours n’est pas aisé pour courir, j’en profite pour regarder autour de moi, les lacs sont vides, je me demande si c’est à cause de travaux ou de la sècheresse ? Je croise une personne en sens inverse, qui me demande si j’ai doublé ou vu son pote, je ne sais répondre, ça fait un bout de temps que je suis seul… Il décide de remonter jusqu’au refuge, nous faisons le chemin ensemble et échangeons quelques mots.
J’arrive au refuge de Campana à 16h40 (44ème) après 63.5km et 5029 D+C. C’est un petit ravito mais j’y mange salé et rempli ma poche à eau. Je repars pour la fin du supplice, le col de Bastanet. Je mets du temps pour l’atteindre, je n’avance vraiment plus sur les parties montantes, c’est dingue d’habitude c’est mon point fort. Heureusement pour terminer l’ascension je retrouve la personne précédente qui me motive à avancer. J’arrive au col de Bastanet, je me sens libéré d’un poids ! La première partie de descente est un peu casse-gueule, je fais attention et commence à courir quelques centaines de mètres plus tard. Je profite pleinement de la descente, je me sens vraiment à l’aise sur ce profil. Par conséquent, j’atteins assez vite le restaurant de Merlans situé à 71km, j’y pointe à 18h16 (44ème). J’y mange un petit morceau, pas grand-chose car ce sera essentiellement de la descente et je n’ai pas envie d’avoir des soucis de digestion.
Je repars quelques minutes après avoir pointé, dernier effort pour rejoindre le col de Portet et valider le D+C, soit 5500mètres ! C’est parti pour 13 kilomètres de descente, je croise pas mal de coureurs du 120 ou 160 kilomètres, les organismes sont au plus mal, ils finissent avec le mental, d’autres vomissent. Finalement pourquoi faire des trail aussi long si c’est pour souffrir autant ! Après c’est peut -être un manque de préparation ? Une mauvaise gestion ? Deux jours de grosses chaleurs n’aident pas. Sur cette partie du parcours, il n’y a pas grand public, il se fait tard.
J’arrive sur Vieille-Aure, je termine sur une bonne allure, pourquoi je n’avais pas ses jambes dans les montées ??? Bref, je passe la ligne d’arrivée à 19h48 (39ème) soit 14h48 de course. Je suis déçu par mon temps, j’espérais nettement faire mieux ! Sans fatigue sous les 13h c’était envisageable. Le point positif, c’est que je n’ai eu aucunes crampes ou douleurs musculaires, j’ai vraiment bien géré l’hydratation et la nourriture. J’ai souffert musculairement dans les dernières montées mais j’ai pris globalement du plaisir, après je ne sais pas si je souhaite de nouveau réaliser ce type de trail à l’avenir. Je me suis énormément investi, et je trouve que le résultat n’est pas à la hauteur, après cela peut être lié à un mauvais plan d’entrainements…
Je tiens à remercier les bénévoles du GRP, ils sont d’une gentillesse remarquable ! L’organisation est gérée d’une main de maitre, je recommande ce trail dans nos magnifiques Pyrénées 🙂
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